Levallois : fermeture des classes de composition au conservatoire

La mairie de Levallois qui manquerait d’argent !!!
On s’étoufferait de rire si la disparition de classes de composition n’était pas si grave.
Cette décision absurde, qui a été prise sans aucune concertation avec le corps des enseignants, atteste du mépris et de la désinvolture des responsables politiques par rapport à la culture et par rapport au service public.
Le couple sulfureux qui dirige cette mairie comme une entreprise du CAC40, serait bien inspiré de faire un don anonyme afin d’assurer la pérennité des classes supprimées par une hiérarchie dont le quotient intellectuel est inversement proportionnel à l’élévation du diapason !
Floremon.
lalettredumusicien.fr

EXCLUSIF

Attitude


Tiziana de Carolis, professeur et coordinatrice du département de composition du CRR de Levallois depuis 2002, fait le point sur la situation.

Quand avez-vous été mise au courant du projet de fermeture des classes de composition ?
Il y a deux semaines, j’ai reçu un mail de la secrétaire du directeur adjoint de l’action culturelle de la mairie de Levallois, Henry de Grissac, m’annonçant que j’avais rendez-vous avec lui et la directrice du conservatoire, Claire Lansiaux, pour « discuter de [ma] situation contractuelle ». Comprenant que quelque chose n’allait pas, j’ai appelé la DRH de la mairie qui m’a simplement dit « Faites en sorte d’être à ce rendez-vous, on vous expliquera là-bas. » En me rendant au conservatoire le lendemain, j’apprends que trois de mes collègues ont reçu un mail similaire : le professeur de composition de musiques de film et mes collègues chargés de la composition de chanson et de la MAO. Tout le département de composition était visé. Cette démarche fait écho à une situation de plus en plus tendue avec la direction de l’établissement, très agressive et sans buts véritablement artistiques.

Comment s’est passé l’entretien ?
Nous avons été convoqués séparément, sans aucun entretien préalable avec la directrice, qui n’a d’ailleurs pas ouvert la bouche pendant la réunion. Henry de Grissac a énuméré les différentes raisons de fermer ma classe. Il a commencé par me dire que la municipalité s’est rendu compte qu’il n’y avait que onze élèves qui suivait mon cours : « On peut légitimement se demander si cette faible participation a un intérêt pour le conservatoire, si c’est rentable en termes d’investissement. » a-t-il dit. Il a continué en arguant que « Onze élèves, si ça fait dix petits Mozart, tant mieux, mais ça reste un effectif relativement modeste à l’échelle du conservatoire… » J’ai rappelé que dans une classe d’instrument on consacre au moins 30 minutes de cours par élève et on peut monter à 45 minutes selon les niveaux. J’ai six heures de cours de composition et 11 élèves, soit une demi-heure par élève. L’Adjoint de l’action culturel a aussi pointé le coût de fonctionnement d’une classe de composition et nos besoins en matériel informatique en me disant que la mairie « ne serait pas en mesure, dans les prochaines années, d’injecter 10 000 euros par ci, 5 000 par-là, puis de nouveau 10 000 euros au bout de deux ans. » Il a ajouté que « l’idée n’est pas de se dire que la composition ne sert à rien, simplement on est obligés de faire des choix […] Je n’ai aucun moyen de proposer le maintien de cette classe ». Or, je tiens à préciser que le matériel requis par la classe de composition est un PC, qui a été renouvelé récemment équipé d’un logiciel d’écriture musicale dont la mise à jour n’excède pas les 100 euros par an. Il faut aussi savoir que les ordinateurs utilisés par les classes de composition sont les même que ceux des classes de MAO, classes qui restent en place au Conservatoire du fait de leur inscription dans le cursus à horaires aménagés CHAMD.

Quelle est la décision de la Mairie ?
Deux professeurs, dont moi-même, ont été « non renouvelés » dans aucune autre fonction (à savoir que j’étais en CDD dans cet établissement depuis 2002), les deux autres (en CDI) dirigés vers d’autres fonctions sans leurs avis. Ma classe de composition, la classe de composition de musiques de films et la classe de composition de chanson vont dont être fermées début juillet. Les arguments de la Mairie sont essentiellement financiers, mais aussi profondément incohérents et surtout sans réel fondement. J’enseigne au CRR depuis 2002 et j’ai créé la classe de composition de musique de film en 2005 (lire ici) et la classe de composition, dont je m’occupe, en 2014. C’est une classe unique en son genre car elle accueille les enfants à partir de leur première année d’instrument. Deux de mes élèves de 9 et 11 ans ont participé au festival Présences féminines à Toulon fin mars! Il n’y a aucune raison de fermer une classe qui fonctionne. Pendant l’entretien, on m’a rappelé que l’âge d’or des conservatoires était révolu et que « La composition n’est pas ce qu’il y a de plus utile », m’a assuré Henry de Grissac pour clore l’entretien. Faudra-t-il s’habituer à ce genre de questions dans l’enseignement général ? « Gardons-nous la géographie ou l’histoire ? », « Pouvons-nous nous permettre l’enseignement des sciences ? »… Ce qui se passe au conservatoire de Levallois fait écho à la situation du CRR de Rueil-Malmaison… et c’est très inquiétant.

Propos recueillis par Suzanne Gervais

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