Encore un bel été musical en Bergerac

SUD-OUEST

http://www.sudouest.fr/2013/07/24/encore-un-bel-ete-musical-en-bergerac-1123388-1733.php

L’édition 2013 de ce festival, qui donne à entendre quelques-unes des plus belles partitions musicales dans quelques-uns des plus beaux sites de Dordogne, débute ce jeudi

Ce sont les Corses d'A Filetta qui ouvriront ce jeudi la nouvelle édition du festival l'Eté musical en Bergerac

Ce sont les Corses d’A Filetta qui ouvriront ce jeudi la nouvelle édition du festival l’Eté musical en Bergerac (Photo archives « SO »)

Une incursion dans le tout proche Lot-et-Garonne voisin, dans la magnifique bastide de Villeréal, ouvrira L’Été musical en Bergerac, ce jeudi.

Superbe site et affiche remarquable, puisque le groupe corse A Filetta interprétera des polyphonies religieuses à six voix dans l’église. Depuis trente ans, ce groupe phare fait connaître les musiques traditionnelles de Corse tout en créant un nouveau répertoire. Il vient de publier son treizième disque, « Trent’anni pocu  ». Leur tournée estivale, qui passe donc par la Dordogne, se poursuivra sur leur île. Ils participeront notamment en septembre aux 24e Rencontres de chant polyphonique à Calvi.

Créé en octobre 1978 en Balagne, à l’initiative d’un jeune instituteur soucieux de préserver une tradition en déclin, le groupe est aujourd’hui composé de Jean-Claude Acquaviva, Jean-Luc Géronimi, Paul Giansily, Jean Sicurani, Céccé Acquaviva et Maxime Vuillamier. Il est l’un des plus créatifs de l’île de Beauté.

Itinérant et éclectique

Le programme dense de ce festival (jusqu’au 16 août) fera une autre incursion à Villeréal, dimanche 11 août, avec des solistes de Zagreb dans un répertoire très classique où l’on entendra Bach et Beethoven. Mais l’essentiel des rendez-vous proposés par Marc Chisson et ABC musique (Abbayes, bastides et châteaux en musique) constituera une balade musicale dans des mondes très différents et dans des lieux qui méritent à eux seuls le détour.

Des lieux et des sons

L’abbaye de Cadouin accueillera quatre concerts. Le premier est programmé vendredi 26 juillet avec un répertoire traditionnel crétois. La mezzo-soprano Karine Deshayes y chantera Brahms, Massenet, Fauré et Saint-Saëns samedi 27  ; le quatuor de violoncelles Rastrelli y sera lundi 12 août et le chœur Oxford Voices, autour du « Miserere » d’Allegri, s’y produira jeudi 15 août. Autre lieu magnifique, l’abbaye de Saint-Avit-Sénieur, où les rendez-vous sont prévus mi-août. On y entendra la soprano Magali Léger et l’ensemble Rosasolis sur le thème « le passionni dell’anima », puis un orchestre symphonique interprétera des œuvres de Beethoven et le Requiem de Fauré.

La Grange de Lanquais sera aussi un lieu de concerts, à la fin de ce mois, avec le quatuor Parker puis le pianiste Philippe Cassard.

Début août, c’est la bastide de Monpazier qui sera en vedette, avec notamment l’acteur Michel Bouquet dans « Le Roi se meurt », d’Eugène Ionesco.

Moins connus, le château de Saint-Germain et le château de Campagne prendront le relais. Bergerac ne sera pas délaissée avec trois concerts sur le vieux port en août.

Renseignements et réservations au 05 53 74 30 94 ou par e-mail à festivalbergerac@wanadoo.fr. Tarifs  : de 25 à 50 euros (Michel Bouquet).

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L’Unef reproche aux universités de Bordeaux et Pau de sélectionner certains étudiants sur critères

 

SUD-OUEST

http://www.sudouest.fr/2013/07/22/bordeaux-et-pau-des-universites-qui-recrutent-illegalement-leurs-etudiants-selon-l-unef-1121600-4699.php

27 universités pratiquent une sélection illégale des étudiants après le bac et 24 imposent des frais d’inscription illégaux, dénonce l’Unef. Bordeaux, Pau et La Rochelle sont concernées

Bordeaux 2 est visée par le rapport de l'Unef pour sa licence mathématiques appliquées aux sciences sociales

Bordeaux 2 est visée par le rapport de l’Unef pour sa licence mathématiques appliquées aux sciences sociales (Quentin Salinier)

 

L’Union nationale des étudiants de France (Unef), premier syndicat étudiant publie ce lundi son rapport annuel sur les dérives des universités et dénonce la tendance en « totale contradiction avec la loi« , dans certains établissement, qui consiste à « limiter le nombre de places disponibles dans leurs licences par un processus de sélection« .

Sont pointées du doigt dans la région : l’université de Bordeaux 1 (pour sa licence de mathématique), Bordeaux 3 (musique), Bordeaux 2 (mathématiques appliquées aux sciences sociales) et Pau (économie gestion).

Certaines universités invoquent, selon l’Unef, derrière le fait que des formations spécialisées nécessitent des « pré-requis, par exemple en musique. Le syndicat rejette cet argument au motif qu’une formation de licence « est censée être adaptée au niveau baccalauréat ».

Cette pratique résulte du « manque de moyens » des établissements, dont 16 prévoient d’être en déficit à la fin de l’année, selon l’Unef. Certaines « préfèrent donc réduire le nombre d’étudiants plutôt que d’affecter leurs moyens à l’embauche d’enseignants et au maintien de leurs capacités d’accueil ». C’est le cas notamment de Bordeaux 2 qui diminue son enseignement de 4 600 heures et de Bordeaux 3 qui escompte 800 000 euros d’économies sur les heures d’enseignement.

Voilà qui a pour conséquence de pousser les étudiants « dans les bras du privé« .

Autre dérive dénoncée par l’Unef : la pratique de frais obligatoires en supplément des frais d’inscription, alors que les diplômes nationaux sont régis par des règles strictes. Bien que la tendance soit plutôt à l’amélioration avec 24 établissements épinglés, contre 30 l’an dernier et plus 50 en 2005.

Sont concernées dans la région : Bordeaux 3, qui applique des frais de sport de 17 euros et La Rochelle, qui demande des frais pédagogiques de 8 euros.

On est tout de même très loin de l’Institut national polytechnique de Toulouse (INPT), où l’inscription au diplôme d’ingénieur s’élève à 9.000 euros contre un tarif réglementé de 606 euros. Un montant de 9000 euros qui « concerne seulement une cinquantaine d’étudiants de masters internationaux, majoritairement dispensés en anglais », a précisé l’établissement.

Sont également dans le collimateur de l’Unef : l’université de Grenoble 2 (800 euros de services « facultatifs » mutimédias) ; l’Agrocampus Ouest et Rennes 1 (750 euros en masters) et l’Université de Tours (150 euros en licence de droit franco-allemand).

La ministre de l’Enseignement supérieur, Geneviève Fioraso, « a demandé que soit procédé à l’examen rigoureux des informations » rendues publiques par l’Unef. « Les recteurs seront saisis pour rappeler à l’ordre les universités qui sortiraient de la légalité » et « le cas échéant, l’Etat prendra ses responsabilités pour y mettre fin », assure Geneviève Fioraso.

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Le Sacre du printemps dirigé par Philippe Jordan..

I. STRAVINSKY : Le Sacre du Printemps

Orchestre de l’Opéra National de Paris
direction : Philippe Jordan
NAÏVE – 2013
[V 5332]

Une version extrêmement fouillée. Les plans sonores sont organisés comme une couche géologique, les sonorités de l’Orchestre de l’Opéra National de Paris prouvent que cet orchestre, souvent décrié, est l’égal des plus grandes phalanges mondiales lorsqu’un chef inspiré le dirige.

 

Floremon

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Etienne Vatelot ou quand un grand luthier rend l’âme

Le Monde

.fr | 14.07.2013 à 16h47 • Mis à jour le 15.07.2013 à 10h09

| Par Marie-Aude Roux


Le grand luthier français Etienne Vatelot est mort le 13 juillet dans sa maison de Neuilly-sur-Seine à l'âge de 87 ans.

Il était le médecin des âmes. Celles des violons, altos et surtout violoncelles qu’il créait, réparait et expertisait dans le monde entier ou dans son atelier de lutherie du 11 bis de la rue Portalis, dans le 8e arrondissement de Paris. Mais aussi celles des musiciens qui les jouaient. Le grand luthier français Etienne Vatelot a rendu son âme à la musique, qui avait occupé toute sa vie, le 13 juillet dans sa maison de Neuilly-sur-Seine à l’âge de 87 ans.

La lutherie en France est sinistrée lorsque Etienne Vatelot crée l’école de Mirecourt, en 1970. « J’ai lutté quatre ans auprès des pouvoirs publics avant qu’un documentaire sur le violon tourné en 1969 par Claude Santelli pour la télévision nous sorte de l’impasse. Le ministère de l’éducation nationale s’est décidé à m’octroyer royalement 30 000 francs ! Je me souviens que la nuit précédant l’ouverture j’ai varlopé les vieux établis du préfabriqué alloué par la mairie de Mirecourt. Au matin, restait juste à mettre une plante verte pour l’arrivée du sous-préfet ! », avait-il confié au Monde en 2004.

BELLE ÉNERGIE

Cette belle énergie, Etienne Vatelot l’avait héritée de son père, le luthier Marcel Vatelot (1884-1970), avec qui il avait appris le métier dans l’atelier familial, fondé en 1909 : « C’est là que j’ai commencé, en 1942, pendant les vacances d’été. Ce devait être trois mois. J’y suis resté vingt-huit ans aux côtés de mon père et n’en suis jamais sorti. » En 1949, le diplôme d’honneur au concours international de lutherie de La Haye (Pays-Bas) en poche, Etienne Vatelot s’était appliqué à développer l’activité de son père, dont il prendra la succession dix ans plus tard, en 1959. La même année, il est nommé expert près la cour d’appel de Paris.

Etienne Vatelot était né le 13 novembre 1925 à Provins, en Seine-et-Marne. « L’arrière-grand-père de mon père faisait des guitares à Mirecourt », rappelait-il. A 17 ans, le goût de la musique, le trait sûr exercé au fusain dans les rues de Provins la médiévale, le chant des violoncelles paternels : « Mon père était l’ami de nombreux violonistes, comme George Enesco ou Eugène Ysaÿe. Mais il y a toujours eu un atavisme familial pour le violoncelle. J’ai fait plus d’altos et de violoncelles que de violons, dont je redoutais la difficulté de fabrication. »

Un des altos fameux d’Etienne Vatelot est celui qu’il a créé pour le concours international Maurice-Vieux de 1983 et dont a hérité la lauréate, l’altiste allemande Tabea Zimmermann : « A cette époque, j’avais beaucoup de préjugés, je voulais un instrument ancien… Mais, dès le premier son, j’ai su qu’entre lui et moi ce serait comme entre Montaigne et La Boétie », dira-t-elle plus tard.

SOIGNEUR ATTITRÉ

Etienne Vatelot avait aussi restauré « Les Evangélistes » – une famille de quatre instruments taillés en 1863 dans le même arbre par le luthier français Jean-Baptiste Vuillaume –, aujourd’hui en possession du Quatuor Modigliani. Mais, plus que l’école de lutherie à Mirecourt, plus que la fondation Marcel-Vatelot pour les jeunes luthiers, plus que sa nomination de président du conseil des métiers d’art, plus que le concours de lutherie et d’archèterie de la Ville de Paris, ce qui a le plus contribué à la renommé d’Etienne Vatelot est qu’il a été le soigneur attitré de la gentry musicale.

De Yehudi Menuhin à Anne-Sophie Mutter en passant par Arthur Grumiaux, Isaac Stern, Ivry Gitlis pour les violonistes ; pour les violoncellistes, de Maurice Gendron à Yo-Yo Ma (qui fit ses « débuts » d’enfant prodige dans son atelier à l’âge de trois ans et demi) jusqu’à son ami de cinquante ans, Mstislav Rostropovitch, rencontré dans les années 1960 à Paris, à qui il conseillera le fameux Stradivarius « Duport », que « Rostro » jouera de son départ d’Union soviétique, en 1974, à sa mort, en 2007.

Pour Etienne Vatelot, il y avait deux catégories d’artistes : les maniaques insatisfaits et puis les grands, « qui sont aussi les plus faciles. ‘Tu sais mieux que moi !’, me disait toujours Isaac Stern ».

LA LEÇON PATERNELLE

Le premier de ces grands avait été une grande, la violoniste française Ginette Neveu, disparue au-dessus des Açores, le 28 octobre 1949, dans l’accident d’avion qui coûta également la vie au boxeur Marcel Cerdan. Le luthier aurait dû être dans l’avion, lui qui a si souvent accompagné les artistes en tournée, avec sa mallette de secours. Peu de temps auparavant, il avait été chargé d’ouvrir le Stradivarius que l’intensité du jeu de la violoniste humidifiait beaucoup.

La barre d’harmonie était vieille et courte et il avait eu l’intention de la changer. « J’en ai fait part à mon père, qui m’a dit : ‘Toi, petit luthier, tu veux toucher à un tel violon ? Souviens-toi qu’il ne faut jamais détruire une sonorité qui correspond à la personne qui joue !’ J’ai refermé l’instrument. » Etienne Vatelot racontait cette anecdote avec la faconde de l’amateur de théâtre qu’il fut sur les planches de la salle Saint-Pierre avec Pierre Tchernia et Jacqueline Pagnol.

Mais il n’a jamais oublié la leçon paternelle, lui qui manipulait dix à quinze instruments par jour et se rendait au concert presque tous les soirs pour affiner son oreille. Expert en réglage de sonorité (une passion revendiquée), Etienne Vatelot ne serait pas devenu l’intime des stars s’il n’avait possédé la qualité rare de savoir aussi écouter leur psyché. Edifiante, l’histoire du fameux « Soil » de Yehudi Menuhin, un « Strad » de 1714, instrument de rêve mais « qui avait un grand défaut : il éclatait comme une cathédrale dès qu’on posait l’archet sur la corde. A la fin, il était devenu trop puissant pour Menuhin. Je lui ai conseillé de s’en séparer. Il l’a vendu en 1986 à Itzhak Perlman« .

STRADIVARIUS DE DEMAIN

En 1998, le luthier Jean-Jacques Rampal (et fils du célèbre flûtiste Jean-Pierre Rampal), qui secondait Etienne Vatelot depuis vingt-cinq ans, avait pris la responsabilité de l’atelier qui porte aujourd’hui le nom d’atelier Vatelot-Rampal. A 78 ans passés, Etienne Vatelot, élégant vieux monsieur toujours tiré à quatre épingles, avait gardé de l’épicéa le port droit et l’endurance, même si la main avait pris à l’érable son doux tremblé de feuille.

« Pour faire un luthier, il faut de bons yeux, une tête qui fasse marcher les yeux et la main et, enfin, que cette main soit habile », disait-il, considérant que la conservation des grands instruments du passé n’entrait pas en contradiction avec la formation des Stradivarius de demain, quand bien même fussent-ils chinois. « Nos métiers s’inscrivent certes dans une forte tradition, mais la création contemporaine reste une nécessité dans l’histoire du violon. L’important est que la musique vive ! »

Marie-Aude Roux

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Mort à 88 ans du pianiste franco-américain Noël Lee

 

Le Monde

| 16.07.2013 à 12h27 |

Par Marie-Aude Roux

Le pianiste et compositeur américain, Noël Lee, qui avait obtenu la nationalité française en 2002, est mort le 15 juillet à l’hôpital Bichat, dans le 18e arrondissement de Paris, à l’âge de 88 ans. Quelques mois plus tôt, il avait fait une mauvaise chute qui avait entraîné une double fracture du col du fémur et de l’épaule, dont il ne s’était pas remis. Comme beaucoup de ses compatriotes, avant et après lui, Noël Lee était venu à Paris pour étudier avec Nadia Boulanger : « Noël Lee est l’un des plus beaux musiciens que j’aie jamais rencontréss » disait de lui cette grande dame de la musique qui attira durant plus d’un demi-siècle l’élite artistique mondiale.

Noël Lee avait commencé comme répétiteur de la compagnie du marquis de Cuevas. « En 1948, il a eu un coup de foudre pour Paris et n’en est jamais reparti », raconte son collègue et ami, le pianiste français Christian Ivaldi, qui fut son partenaire au piano à quatre mains depuis le début des années 1970 et grava avec lui la fameuse intégrale Schubert parue chez Arion, toujours au sommet de la discographie. « Nous nous étions rencontrés à l’issue d’un de mes concerts à Amsterdam, puis revus à Paris. Il m’a proposé cette intégrale Schubert et nous n’avons plus cessé de travailler ensemble. Nos tempéraments, très différents, s’accordaient. Son jeu impétueux me sortait de mon introversion. Lui était toujours dans l’urgence. Il me faisait penser au médecin qui court en répétant : ‘Pressiert , Pressiert !’ dans ‘Wozzeck’ de Berg », raconte encore Christian Ivaldi.

PREMIER CONCERT À 6 ANS

Noël Lee était né à Nankin (Chine) un jour de Noël, le 25 décembre 1924. A cinq ans, il avait commencé le piano à La Fayette (Indiana), puis donné son premier concert public l’année suivante. Le jeune garçon note ses improvisations, écoute les retransmissions hebdomadaires du Metropolitan Opera et du New York Philharmonic, découvre avec émerveillement Tristan et Isolde de Wagner ou la Symphonie « italienne » de Mendelssohn.

 


Titulaire d’une bourse de l’université de Harvard, il apprend la composition avec Irving Fine et Walter Piston, se familiarise avec la modernité néoclassique de Stravinsky et de Hindemith tout en poursuivant ses études de piano à Boston, au New England Conservatory. Muni d’une nouvelle bourse, il franchira l’Atlantique en 1948 pour rencontrer Nadia Boulanger, qui lui fait découvrir pendant trois ans les grandes partitions classiques tandis qu’il soumet les siennes à la sagacité de « Mademoiselle ». « Il était d’une discrétion presque excessive vis-à-vis de ses propres œuvres », remarque Christian Ivaldi.

D’une écriture de facture classique mais d’inspiration personnelle, la musique de Noël Lee touchait à tous les domaines, de l’oratorio à la musique de chambre, en passant par le concerto, le ballet, la mélodie (plus d’une soixantaine), la musique pour piano, clavecin, orgue, la musique de film. En 1953 et 1954, il avait remporté le Prix Lili Boulanger ainsi qu’un prix de l’Orchestre de Louisville.

« PIANISTE, PAS ACCOMPAGNATEUR »

Noël Lee était à la tête d’une imposante discographie – plus de 200 enregistrements, essentiellement chez Arion et Auvidis-Valois, dont beaucoup couronnés de prix – qui témoigne de son éclectisme et d’un répertoire pianistique très large (intégrales de Debussy, Ravel, Copland, Stravinski), d’une pratique quasi exhaustive de la littérature de musique de chambre avec piano, et d’une quarantaine de concertos. La gravure d’une anthologie de mélodies de Debussy avec Flora Wend conduira à l’intégrale de l’œuvre pour piano. C’est lui qui enregistre la première vraie intégrale des sonates de Schubert (comprenant les œuvres inachevées). Il s’intéresse aussi bien à Moscheles, Field ou Gottschalk qu’à la musique américaine et à celle du XXe siècle (Ives, Copland, Stravinsky, Bartok).

Toute sa vie, Noël Lee avait mené une guerre contre le terme « accompagnateur » :  » On est pianiste, on n’est pas accompagnateur, mais on ne sort pas toujours vainqueur de ces combats-là… » disait sans amertume celui qui avait été le partenaire privilégié du violoniste américain Paul Makanowitzki (1920-1998), du baryton néerlandais Bernard Kruysen (1933-2000) et de la soprano française Anne-Marie Rodde, avec lesquels il reçut des Grands Prix du disque. Il avait également enregistré avec le baryton allemand Udo Reinemann, mort deux jours avant lui.

NI LES HONNEURS, NI L’ARGENT

Noël Lee était l’un des piliers du Comité d’honneur du Centre international de la mélodie française de Tours dirigée par le baryton français François Le Roux (avec qui il a gravé un cycle Massenet et des mélodies de Debussy). Bien qu’il ait enseigné en cours particuliers, au Conservatoire américain de Fontainebleau, à l’Académie Francis Poulenc de Tours, aux Etats-Unis (universités de Brandeis, Cornell, Dartmouth) et donné de nombreuses master-classes, Noël Lee n’a jamais occupé de poste officiel d’enseignant. Il restera pourtant celui à qui Alexandre Tharaud réservait la primeur de ses nouveaux programmes.

Prix de l’Académie américaine des arts et lettres pour l’ensemble de son œuvre, deux fois lauréat de la Fondation de France, Noël Lee avait été fait Commandeur des arts et lettres au printemps 1998. Il avait reçu l’année suivante le Grand Prix de musique de la Ville de Paris complété en 2004 par la Grande Médaille de la Ville de Paris. « Il n’était intéressé ni par les honneurs ni par l’argent, note Christian Ivaldi. C’était un humaniste qui avait gardé un statut singulier dans la profession. Il était d’une sensibilité de gauche, très préoccupé par la politique. L’une de ses dernières joies aura été la réélection d’Obama en novembre 2012. »

Marie-Aude Roux

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